Chapitre 6

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Chapitre 6

Le 28 novembre, Spray met les voiles de Rio de Janeiro, et com- mence par rencontrer un coup de vent, de ceux qui font beaucoup de dégâts sur la côte et aux bateaux. Nous sommes chanceux, nous sommes dégagés de la terre. En longeant la côte, sur cette partie du voyage, j’observe que certains petits navires, rencontrés par hasard, sont capables de doubler Spray dans la journée, mais se trouvent derrière lui la nuit. Pour Spray, jours et nuits sont iden- tiques ; pour les autres, il y a clairement une différence. Durant l’une des très belles journées rencontrées après avoir quitté Rio de Janeiro, le vapeur South Wales salue Spray et, sans que je lui aie rien demandé, me donne la longitude au chronomètre à 48° ouest, à quelques choses près, selon le capitaine. Spray, avec sa montre en fer-blanc, obtient exactement la même position. Je me sens à l’aise avec ma méthode de navigation primitive, mais cela m’a tout de même surpris de constater que ma position a été vérifi ée par les calculs du chronomètre du vapeur.

Le 5 décembre, un trois-mâts goélette apparaît à l’horizon, et, pendant plusieurs jours, les deux bateaux naviguent ensemble le long de la côte. À cet endroit, il y a un courant vers le nord, qui oblige à serrer la côte, ce dont Spray est plutôt familier. Ici, je dois confesser une faiblesse : je serre la côte de beaucoup trop près.

En un mot, au lever du jour, le 11 décembre, Spray court rapi- dement à la plage. C’est fort ennuyeux, mais je me rends vite compte que Spray n’est pas en grand danger. La fausse apparence des dunes, sous la lune brillante, m’a trompé, et je regrette, main-

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tenant, d’avoir tout simplement fait confi ance aux apparences.

La mer, plutôt calme, porte encore une houle, qui s’écrase avec force sur le rivage. Je réussis à larguer mon petit doris depuis le pont, et je sors rapidement une ancre et un grelin, mais il est trop tard pour touer le sloop : la marée descend, et elle a déjà baissé d’un pied. Alors, je décide d’utiliser la plus grande ancre, ce qui n’est pas facile, car mon seul canot, mon frêle doris, est immédiatement submergé par une déferlante quand je le charge avec l’ancre et son câble, puisque leur poids est trop important pour lui. Alors, je coupe le câble, et je fais deux chargements au lieu d’un. Avec l’ancre amarrée à un fl otteur et quarante brasses lovées, je veux, maintenant, passer les rouleaux, mais mon doris fait rapidement de l’eau ; le temps que j’arrive assez loin pour mouiller l’ancre, il est plein jusqu’au plat-bord, et il commence à couler. Il n’y a pas un moment à perdre, je vois clairement que si j’échoue maintenant tout est fi ni. Lâchant les rames, je saute sur mes pieds, et soulevant l’ancre au-dessus de ma tête, je la jette à l’eau le plus loin possible, au moment où le doris chavire. Je m’agrippe à son plat-bord, et je tiens bon quand il se retourne, car il me revient soudain à l’esprit que je ne sais pas nager. Alors, j’es- saye de le redresser, mais c’est avec trop d’impatience, et il fait un tour complet, je me retrouve dans la situation de départ, accroché à son plat-bord, le corps dans l’eau. Me donnant un moment pour réfl échir, je m’aperçois que, bien que le vent souffle modérément vers la côte, le courant m’entraîne vers la mer. Je dois faire quelque chose. Je me retrouve trois fois sous l’eau à essayer de redresser le doris, et je me dis : « J’abandonne !» quand, saisi par une grande détermination, j’essaie, encore une fois, pour qu’aucun des pro- phètes de malheur laissés derrière moi, ne puisse dire : « Je vous l’avais dit ». Quel qu’ait été le danger, grand ou petit sur l’instant, je peux dire en toute sincérité, que cela a été le moment le plus serein de toute ma vie.

Après avoir redressé le doris pour la quatrième fois, je réussis, fi nalement, grâce à la plus grande patience, à le garder à l’endroit le temps de me hisser dedans et, avec l’une des rames, que j’ai

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retrouvée, je pagaye jusqu’au rivage, les vêtements en lambeaux et plein d’eau salée.

La situation de mon bateau, maintenant bien au sec, m’inquiète.

Le remettre à fl ot est la seule chose à laquelle je pense, et qui m’importe. J’arrive, sans trop de peine, à transporter la deuxième partie du câble, et, à l’attacher à la première partie, que j’ai pris soin d’amarrer à une bouée avant de la mettre dans l’annexe. Rap- porter le bout au sloop est encore plus facile, et je ris malgré mes ennuis quand je me rends compte que dans toute cette malchance, mon bon génie est resté avec moi. Le câble amarré à l’ancre en eaux profondes atteint le guindeau du sloop avec juste assez de longueur pour faire un tour, et pas plus. J’ai mouillé l’ancre à l’exacte bonne distance du bateau. Je n’ai plus qu’à tout raidir, maintenant, et attendre la prochaine marée.

J’ai fait de quoi fatiguer le plus fort des hommes, et je suis trop heureux de me jeter sur le sable sec pour me reposer ; car le soleil est déjà haut, il répand sa généreuse chaleur sur la terre. Bien que je ne sois pas dans la pire des situations, je suis sur la côte sauvage d’un pays étranger, et mes biens ne sont pas en totale sécurité, je m’en rends compte peu après. Je suis sur le rivage depuis peu, lorsque j’entends un pas, celui d’un sabot de cheval qui approche sur le sable mouillé, qui cesse comme il arrive à la hauteur de la crête de la dune, où je me repose abrité du vent. Regardant avec prudence, je vois, monté sur un petit cheval, le garçon sans doute, le plus étonné de toute la côte. Il a trouvé un bateau ! « Il doit être à moi », pense-t-il, « car ne suis-je pas le premier à le voir sur la plage ? » Il est sûr, en tout cas, qu’il est grand, au sec, et peint en blanc. Il en fait le tour à cheval et, ne trouvant pas de propriétaire, attache l’animal à la sous-barbe du sloop, et tire comme s’il voulait l’emporter chez lui ; mais, le sloop est bien sûr trop lourd pour qu’un seul cheval puisse le bouger. Avec le canot, en revanche, c’est différent. Il le traîne jusque derrière une dune, où il le dissimule dans les hautes herbes. Il décide, je suppose, d’aller chercher d’autres chevaux pour traîner sa plus grande prise plus loin, n’importe comment, et, il commence à se diriger vers la

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ferme, à un mille environ, pour aller chercher des renforts, quand je me montre, ce qui semble lui déplaire et le décevoir. « Buenos dias, Muchacho », dis-je. Il grogne une réponse, et m’observe vivement de la tête aux pieds. Il laisse alors échapper une bordée de questions — il faudrait au moins six Yankees pour en poser autant — il veut savoir, tout d’abord, d’où vient mon bateau, et depuis combien de jours il navigue. Puis, il me demande ce que je fais sur le rivage de si bonne heure. « C’est facile de répondre à tes questions », lui dis-je, « mon bateau vient de la lune, ça lui a pris un mois pour venir, et il est ici pour un chargement de gar- çons ». Mais la suggestion de cette entreprise, si je n’étais pas sur mes gardes, aurait pu me coûter cher, car, pendant que je parle, cet enfant de la campagne love son lasso pour me l’envoyer, et au lieu d’être lui-même emmené sur la lune, il pense, apparemment, à me traîner chez lui par le cou, derrière son poney sauvage à travers la campagne uruguayenne.

L’endroit exact, où j’ai échoué, est le Castillo Chicos à environ sept milles au sud de la frontière entre le Brésil et l’Uruguay, et, bien sûr, les gens du coin parlent espagnol. Pour rassurer mon visiteur matinal, je lui dis que j’ai à bord des biscuits, et que je sou- haite les échanger contre du beurre et du lait. À ces mots, un large sourire éclaire son visage montrant qu’il est grandement intéressé, et que même en Uruguay le biscuit de mer peut réchauffer le cœur d’un garçon, et faire de lui votre meilleur ami. Le jeune homme se précipite chez lui, et il revient, rapidement, avec du beurre, du lait et des œufs. Je suis, après tout, dans un pays de cocagne. Avec lui, arrivent d’autres personnes, jeunes et vieilles, des ranchs voisins, et parmi eux un colon allemand, qui me sera d’un grand secours pour beaucoup de choses.

Un garde-côte de Fort Teresa, à quelques milles, arrive éga- lement, pour protéger votre propriété des indigènes des plaines, dit-il. Je saisis l’occasion pour lui dire, cependant, que s’il prend soin des gens de son propre village, je prendrai soin de ceux des plaines, montrant comme je parle, un marchand ordinaire, qui a déjà volé mon revolver et plusieurs petits objets dans ma cabine,

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et que j’ai récupérés au prix d’un coup d’audace. Le voleur n’est pas un indigène uruguayen. Ici, comme dans beaucoup d’autres endroits que je visite, ce ne sont pas les indigènes eux-mêmes qui discréditent le pays.

Tôt dans la journée, il arrive une dépêche du capitaine du port de Montevideo, qui ordonne aux garde-côtes de porter assistance à Spray. Ceci, cependant, n’est pas nécessaire, car un garde est déjà là, qui fait autant de bruit que s’il s’agissait du naufrage d’un vapeur avec mille émigrants à son bord. Le même messager apporte une lettre du capitaine du port, disant qu’il envoie un remorqueur à vapeur pour amener Spray à Montevideo. L’officier est aussi bon que son mot ; un puissant remorqueur arrive le len- demain, mais j’ai déjà renfl oué le sloop avec l’aide de l’Allemand, d’un soldat et d’un Italien, appelé l’Ange de Milan, et je navigue en direction du port avec la bôme débordée par un bon vent portant. L’aventure a coûté à Spray, qui a talonné sur le sable dur, la perte de sa semelle et une partie de sa fausse quille. Il a subi d’autres avaries qui seront, cependant, rapidement réparées par la suite à quai.

Le lendemain, je mouille à Maldonado. Le consul britannique, sa fi lle et une autre jeune femme viennent à bord, apportant avec eux un panier d’œufs frais, des fraises, des bouteilles de lait et un grand pain doux. C’est un bon atterrissage, et bien plus chaleureux que ce que j’ai déjà connu à Maldonado la fois où je suis entré au port avec un équipage malade sur mon trois-mâts barque, l’Aquidneck.

Dans les eaux de la baie de Maldonado, les poissons abondent en variétés, et les otaries à fourrure, à la saison, s’installent sur l’île située en face pour se reproduire. Les courants côtiers sont grandement infl uencés par les vents dominants, et la marée haute est généralement plus forte avec un coup de vent du sud-ouest, que celle habituellement produite par la lune sur toute la côte uruguayenne, et elle est moins vigoureuse quand le vent souffle du nord-est. C’est ce qui vient de se passer avec le coup de vent qui a amené Spray. La marée, maintenant basse, découvre des roches

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couvertes d’huîtres à quelques distances de la côte. Il y a aussi beaucoup d’autres coquillages, au bon goût, mais plus petits en taille. Je rassemble un tas d’huîtres et de moules, pendant qu’un indigène équipé d’une ligne, d’un hameçon et de moules comme appâts, pêche le sébaste depuis le sommet des rochers. Il en attrape plusieurs de belle taille.

Le neveu du pêcheur, un gamin d’environ sept ans, mérite la mention du plus grand blasphémateur, pour un petit garçon, ren- contré pendant mon voyage. Il qualifi e son vieil oncle des plus vilains noms sous le soleil, car il ne l’aide pas à traverser le petit ravin. Pendant qu’il jure rondement, à tous les modes et à tous les temps de la langue espagnole, son oncle continue à pêcher, félici- tant ici et là son neveu plein d’espoir pour son talent. Au terme de son riche répertoire, le gosse part se balader dans les champs et revient, peu après, avec un bouquet de fl eurs, qu’il me tend tout sourire avec l’innocence d’un ange. Je me rappelle avoir déjà vu ces fl eurs sur les berges du fl euve, un peu plus loin en amont, quelques années auparavant. Je demande au jeune pirate, pourquoi il me les rapporte. Il me répond : « Je ne sais pas ; j’avais juste envie de le faire. » Quelle que soit l’infl uence qui a pu donner cette gentille envie à ce garçon de la pampa sauvage, elle a dû être grande et puissante, bien au-delà des mers.

Peu après, Spray est en route pour Montevideo, où il arrive le jour suivant, tellement salué par les sifflets des bateaux à vapeur que j’en suis embarrassé, au point de souhaiter être arrivé inco- gnito. Naviguer si loin, en solitaire, peut sembler aux Uruguayens un exploit qui mérite quelque reconnaissance, mais il reste tant de chemin à parcourir, et de nature si hasardeuse, que toute démonstration à ce stade semble, en quelque sorte, survenir pré- maturément.

Spray est à peine mouillé à Montevideo, que les agents de la Royal Mail Steamship Company (Compagnie royale de courriers à vapeur), Ms. Humphreys & Co, m’envoient un message qui sti- pule, qu’ils accueilleront en cale sèche, et, répareront gratuitement Spray, qu’ils me donneront vingt livres sterling : ce qu’ils feront à

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la lettre, et plus encore. Les calfats de Montevideo font très atten- tion à rendre le sloop bien étanche. Les charpentiers réparent la quille ainsi que l’annexe, qu’ils peignent si bien qu’on dirait un papillon.

Noël 1895 trouve Spray réaménagé et même équipé d’un mer- veilleux poêle de fortune conçu dans un grand réservoir en fer percé d’une multitude de trous, pour lui donner un bon tirage ; son tuyau sort tout droit par le toit du poste avant. Attention, ce n’est pas un poêle de décoration. Il a toujours faim, même de bois vert ; et durant les journées froides et humides, le long des côtes de la Terre de Feu, il me sera fort utile. Son unique porte s’ouvre sur des gongs de cuivre, que l’un des apprentis du chantier, avec une fi erté louable, a poli jusqu’à ce que l’ensemble brille comme l’habitacle en laiton d’un vapeur de la P & O ¹.

Spray est maintenant prêt pour appareiller. Cependant, au lieu de reprendre aussitôt son voyage, il fait une sortie sur le fl euve, le 29 décembre. L’un de mes vieux amis, le capitaine Howard, connu au cap Cod et sur le Río de la Plata, fait le voyage à son bordjusqu’à Buenos Aires, où Spray atterrit tôt le lendemain dans un coup de vent et un courant si favorables qu’il se surpasse lui-même. Je suis content d’avoir un marin, avec autant d’expérience qu’Howard, à bord de Spray, pour témoigner de ses performances en navigation sans personne à la barre. Howard s’assied près de l’habitacle et surveille le compas, alors que le sloop garde si bien son cap que l’on pourrait penser que la rose a été clouée sur place.

Il ne dévie pas d’un quart de son cap. Mon vieil ami a navigué sur un bateau pilote, qu’il possédait sur le fl euve, pendant de longues années, cet exploit fi nit par le laisser pantois, et il crie :

« Que je m’échoue sur le banc de Chico si je n’ai jamais vu chose pareille ! » Peut-être n’a-t-il jamais donné à son bateau une chance de lui montrer ce qu’il pouvait faire ! Ce que je fais surtout remar- quer, c’est que Spray navigue, ici, dans des eaux peu profondes

¹ P & O : Peninsular & Oriental Steamship Company, une compagnie de navigation célèbre de la fi n du  siècle.

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et dans un courant fort, entre autres conditions inhabituelles et difficiles. Le capitaine Howard prend tout cela en compte.

Malgré toutes ces années loin de chez lui, Howard n’a pas oublié l’art de cuisiner un bon chowder, un ragoût de poissons ; et pour le prouver, il a embarqué quelques bons spécimens de roche. Il nous prépare un repas digne des rois. Quand le savoureux ragoût est prêt, calant comme il faut la casserole entre deux boîtes sur le plancher de la cabine pour qu’elle ne se renverse pas, nous nous servons et dînons en bavardant, pendant que Spray trace seul sa route dans l’obscurité sur le fl euve. Howard me raconte des his- toires de cannibales fuégiens, et je lui narre l’épisode du pilote de la Pinta barrant mon bateau dans la tempête au large des Açores, et, combien je le cherche, à la barre, dès que je rencontre un coup de vent comme celui que nous venons de subir.

Je n’accuse pas Howard d’être superstitieux, ni l’un, ni l’autre ne l’est — mais, quand je lui parle de revenir à Montevideo à bord de Spray, il secoue la tête et prend un billet sur un vapeur à la place.

Je ne suis pas venu à Buenos Aires depuis plusieurs années. L’en- droit, où j’ai une fois débarqué d’un paquebot, dans une charrette, est maintenant équipé de magnifi ques bassins. Des fortunes colos- sales ont été dépensées pour transformer le port ; les banquiers de Londres peuvent vous le dire. Le capitaine du port, après avoir assigné à Spray un poste sûr, avec ses compliments, m’envoie un message pour me dire de l’appeler, quelle que soit ma demande pendant mon séjour, et je suis certain que son amitié est sincère.

Mon bateau est bien soigné à Buenos Aires ; il ne paye ni droits de bassin ni taxe de tonnage, et l’accueil des plaisanciers de cette cité est chaleureux. En ville, je trouve que les choses n’ont pas autant changé qu’au port, et je me sens, rapidement, comme chez moi.

De Montevideo, j’ai transmis une lettre de sir Edward Hairby au propriétaire du Standard, Mr. Mulhall, et, en réponse, je suis assuré d’un accueil chaleureux par un Irlandais au grand cœur.

Mr Mulhall arrive sur le quai dès que Spray est à poste, et il veut m’entraîner chez lui, de suite, où une chambre m’attend. Nous

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sommes le Premier de l’an 1896. Le voyage de Spray a été raconté dans les colonnes du Standard.

Mr. Mulhall me conduit gentiment voir les améliorations de la ville, et nous partons à la recherche d’anciens repères. L’homme qui vendait de la limonade sur la place, lors de ma première visite dans cette superbe citée, vend encore sa boisson à deux cents le verre ; il a fait fortune avec elle. Son fonds de commerce est un baquet, une fontaine toute proche, un peu de sucre brun, et envi- ron six citrons qui fl ottent sur l’eau sucrée. L’eau est, de temps en temps, renouvelée à la fontaine, mais le citron reste là pour toujours, et le tout vaut toujours deux cents le verre.

Cependant, nous cherchons, en vain, l’homme qui vendait, autrefois, du whisky et des cercueils à Buenos Aires ; l’évolution de la société l’a écrasé : les mémoires n’ont retenu que son nom.

C’était un homme entreprenant, je serais volontiers passé chez lui. Je me souviens des rangées de tonneaux de whisky debout, d’un côté du magasin, et de l’autre côté d’une fi ne cloison, les cercueils rangés dans le même ordre, de toutes tailles et en grand nombre. Cet arrangement unique semblait fonctionner car, quand un tonneau était vide cela pouvait signifi er qu’un cercueil allait se remplir. En plus d’un whisky bon marché, et de nombreux autres alcools, il vendait du cidre, qu’il fabriquait à partir de raisins de Malaga avariés. Son activité s’étendait aussi à la vente d’eaux minérales, pas complètement exemptes de germes de maladies.

Cet homme fournissait sûrement tous les goûts, toutes les envies, et tous les besoins de sa clientèle.

Un peu plus loin dans la ville, a survécu l’homme qui avait écrit sur le côté de son magasin, pour que les hommes puissent lire et méditer : Ce monde malsain sera détruit par une comète ! Le propriétaire de cette boutique est donc disposé à vendre son stock à n’importe quel prix, et éviter la catastrophe. Mon ami, Mr Mul- hall, me montre la comète menaçante avec sa traînée fl ottante dessinée en grand sur les murs du marchand apeuré.

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#ARTEDUVOYAGEDU3PRAY AUTOURDUMONDE

AVRILJUIN

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Table des matières

Chapitre 1 . . . .

Profi l horizontal de Spray . . . .

Détail de la barre de Spray . . . .

Chapitre 2 . . .

Chapitre 3 . . . .

Chapitre 4 . . . .

Chapitre 5 . . .

Chapitre 6 . . . .

Chapitre 7 . . . .

Chapitre 8 . . . .

Chapitre 9 . . .

Chapitre 10 . . . .

Chapitre 11 . . . .

Chapitre 12 . . . .

Chapitre 13 . . . .

Chapitre 14 . . . .

Chapitre 15 . . . .

Chapitre 16 . . . .

Chapitre 17 . . . .

Chapitre 18 . . . .

Chapitre 19 . . . .

Chapitre 20 . . . .

Chapitre 21 . . . .

Annexe . . . .

Carte du voyage du Spray autour du monde . . . .

Itinéraire de Spray à travers le détroit de Magellan . . . .

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